LES INFESTATIONS DE PUNAISES DE LIT SONT-ELLES PLUS DIFFICILES À ÉLIMINER QUE JAMAIS?

Si vous avez eu le malheur d’avoir une infestation de punaises de lit à la maison, vous savez à quel point il est difficile d’éradiquer ces bestioles pour de bon.

Selon une étude qui a paru dans le Journal of Economic Entomology, la bataille contre les punaises de lit ne fera que se corser.

Des chercheurs de l’Université Purdue ont appris que de nos jours, les punaises de lit développent de fortes résistances à deux des insecticides les plus utilisés en gestion parasitaire.

Les punaises de lit, qui sont là depuis l’époque des dinosaures, tolèrent déjà fort bien plusieurs autres insecticides comme la deltaméthrine, un insecticide couramment utilisé et généralement efficace. Or le succès limité du produit chimique est l’un des principaux facteurs expliquant l’augmentation du nombre d’infestations de punaises de lit au cours des dix dernières années, en particulier dans les grandes villes.

Et maintenant, les punaises de lit renforcent rapidement leur immunité contre les deux meilleures solutions de rechange à la deltaméthrine : la bifenthrine et le chlorfénapyr.

UNE ÉTUDE SUR LES INFESTATIONS DE PUNAISES DE LIT ET L’IMMUNITÉ

En 2015, l’Université du Kentucky a mené une enquête révélant que 68 % des professionnels en gestion parasitaire trouvent que la punaise de lit est le parasite le plus difficile à éliminer. Une situation que certains expliquent par le fait que les punaises de lit sont rusées et petites, et qu’elles se réfugient dans les coins sombres d’une maison. Ce n’est cependant pas ce qui rend une infestation de punaises de lits difficile à contrer. C’est plutôt leur résistance aux insecticides.

Cette problématique d’immunité croissante n’est pas nouvelle selon l’auteur principal de cette nouvelle étude, Ameya Gondhalekar, professeur-chercheur adjoint au Center for Urban and Industrial Pest Management, de l’Université Purdue. Plus on utilise un produit sur une longue période pour contrôler tel ou tel parasite, plus l’enjeu de la résistance entre en ligne de compte, ajoute-t-il.

Dans le cadre de l’étude de M. Gondhalekar, son équipe de chercheurs de l’Université Purdue a recueilli dix populations de punaises de lit uniques ici et là en Amérique. Provenant de l’Indiana, du New Jersey, de l’Ohio, du Tennessee, de la Virginie et de Washington D.C., ces populations ont été exposées à différents produits chimiques pendant une semaine.

Les chercheurs ont constaté une diminution de la sensibilité à la bifenthrine chez la moitié des groupes de punaises de lit. Plus de 25 % des punaises de lit ont donc survécu. Trois des populations présentaient en outre une sensibilité moindre au chlorfénapyr.

LA BIFENTHRINE ET LE CHLORFÉNAPYR POUR CONTRER LES INFESTATIONS DE PUNAISES DE LIT

Comme la deltaméthrine, la bifenthrine est un pyréthroïde (un composé biologique courant dans les tactiques modernes de gestion parasitaire) qui cible le système nerveux d’un parasite. Le chlorfénapyr tient plus de la science-fiction puisqu’il s’attaque à la mitochondrie des cellules. Les professionnels en gestion parasitaire et les exterminateurs l’utilisent régulièrement. L’autre est disponible en magasins sous forme de vaporisateurs, de granules et d’aérosols.

M. Gondhalekar fait néanmoins remarquer que ces deux produits chimiques ont encore une certaine efficacité pour contrer des populations de punaises de lit. Pour que ces produits chimiques demeurent efficaces et que les punaises de lit ne développent pas leur immunité, nous devons utiliser ces insecticides modérément.

Le fait de combiner la bifenthrine ou le chlorfénapyr à des techniques de gestion parasitaire non chimiques, par exemple, préservera l’efficacité des insecticides puissants pour des années. Ils peuvent être jumelés avec de la chaleur, de la vapeur ou des gels de silice, par exemple.

Utiliser des pesticides en gestion parasitaire est néanmoins accessible et bon marché. Et c’est cette accessibilité même qui a entraîné une surutilisation de produits chimiques comme la bifenthrine et le chlorfénapyr. C’est ce qui a permis à des générations de punaises de lit de développer lentement leur résistance à ceux-ci.

Le milieu universitaire met de l’avant les approches intégratives depuis des années, mais le coût des méthodes non chimiques peut être prohibitif, explique M. Gondhalekar.

Une panoplie d’études montrent que combiner des insecticides avec d’autres mesures de contrôle est efficace pour contrôler les punaises de lit. Parmi ces mesures additionnelles, mentionnons passer l’aspirateur, appliquer de la vapeur ou de la chaleur, de même qu’installer des protège-matelas, des pièges et des desséchants.

LA PROBLÉMATIQUE DES INFESTATIONS DE PUNAISES DE LIT

Que ces parasites domestiques ne soient ni un danger ni une menace pour la vie n’empêche pas qu’ils sont embêtants. Leur morsure peut causer des démangeaisons et des réactions allergiques, en plus de ruiner le sommeil. Une grosse infestation de punaises de lit peut être extrêmement difficile à éradiquer complètement, ce qui entraîne souvent des dépenses, du stress et de l’isolement.

La prévention est possiblement le meilleur bouclier contre ces petits vampires. Plusieurs mesures sont à votre portée pour tenir les punaises loin de la maison, par exemple passer l’aspirateur souvent, investir dans un protège-matelas résistant aux insectes et faire attention à vos bagages en voyage.

Aussi, quand on vérifie souvent s’il y a des punaises de lit, on évite qu’elles ne se multiplient, ajoute M. Gondhalekar. Il est bien plus facile de gérer le problème tôt, quand il n’y a que cinq ou dix punaises de lit, que lorsqu’elles se comptent par centaines.

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